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Réflexions existentielles
24 janvier 2008

Le désœuvrement

Bon …ces derniers temps, on ne peut pas dire que j’ai beaucoup posté sur mon blog. Il faut dire que depuis que  j’en ai fini avec mon stage, je ne sais pas quoi faire ! Et moi qui pensais avoir conquis ma liberté… Parce que là, mon libre arbitre me cantonne à choisir entre 3 lieux : ma cuisine pour aller manger quelque chose dans le frigo, mon séjour pour aller sur l’ordi ou zapper entre les différentes chaînes de télé, et enfin ma chambre pour aller y piquer un somme. Ce qui est assez maigre au final comme liberté...

Le temps passe mais je ne fais rien. Du coup, je me dis. « Tiens, tu ne fais rien,…pourquoi ne fais-tu pas quelque chose ? ….Oui, mais quoi…. ? » Quand on en arrive là, il y a de quoi de se poser des questions, non ? (ca me rappelle un de mes premiers posts…Inquiétant…)

Sans_titre

Bon, il me reste encore un peu de lucidité et je n’ai pas encore totalement sombré dans la folie alors je vais en profiter pour vous raconter une petite anecdote qui m’est arrivé. Je dis petite anecdote car il n’y a rien de transcendant mais en même temps, vu que mon inspiration est enfermée dans une cage, ce n’est pas étonnant qu’elle n’ait pas grand-chose à se mettre sous la dent.

J’étais donc l’autre jour à la bibliothèque François Mitterrand. Je voulais en fait me motiver pour taper mon rapport de stage alors comme en restant chez moi, je n’y arrivais pas, je me suis dit qu’en allant dans un endroit studieux la motivation viendrait être. Et entre temps, j’avais trouvé un site qui propose aux gens de se retrouver autour d’une même activité. Alors je me suis dit pourquoi pas… Et donc, je me suis retrouvé dans cette bibliothèque un peu perdu au milieu de toutes ces salles. La personne qui s’était inscrite aussi par l’intermédiaire s’est posée à une table où il restait de la place et moi là où j’ai pu en trouver également. Bon, au bout de 2 heures, je n’avais pas écrit grand-chose : un beau paragraphe d’une dizaine de lignes tout de même mais c’est tout. Je pense que l’atmosphère était trop silencieuse pour moi. Bref, tout ça pour dire, qu’au final, on a pu discuter à la cafétéria de la bibliothèque. Ainsi,  j’ai appris que cette personne préparait le concours de l’ENA tout en étant prof de philo. Mais j’ai dû un peu passer cette personne à l’interrogatoire pour le savoir car elle se contentait de dire, avec une curieuse pudeur, qu’elle préparait « un concours administratif ». Et j’avais pris çà d’abord comme une forme de modestie mais je me suis aperçu par la suite qu’il s’agissait plutôt d’une forme d’élitisme. En fait, elle était prof de philo par défaut car elle avait raté « Normale Sup (en Lettres) ». Et ce j’ai entendu par la suite m’a un peu fait halluciné. Elle était prof de philo dans un lycée moyen et jugeais inintéressant d’enseigner à de tels élèves qui n’écoutent pas et qui n’ont jamais lu un bouquin de leur vie. Alors moi, rien que pour la mettre mal à l’aise, je lui ai dit que je ne lisais jamais, ce qui est vrai du reste. Elle a enchaîné sans trop y prêter attention (car je devais être bien quand même pour elle, vu que je fais des études…) en me disant que même au niveau du langage, ils ne savaient même pas par exemple ce que voulait dire le mot « pernicieux » ! « Encore, « magnanime », on peut ne pas connaître mais « pernicieux »… » m’a-t-elle lancé avec désespoir.

Bon, dans ma tête, j’essayais de réfléchir pour voir si j’arrivais à définir ces 2 mots et non, je n’y arrivais pas, mais curieusement, je ne me suis pas senti bête pour autant (bon, en même temps, tout le monde se dit la même chose…).
La connaissance et l’intelligence, ce sont 2 choses distinctes, non ? Est-on obligé d’apprendre le dictionnaire par cœur pour être intelligent et réfléchir ? C’est comme si pour certains, il existait  des codes universels à maîtriser (connaître certains mots de vocabulaire, avoir lu tel « classique » ou aller à l’opéra…) pour être intelligent et être digne qu’on nous adresse la parole.
Comment peut-on être prof de philo et renoncer à vouloir faire progresser l’autre dans la réflexion. Que Pierre-Alain Frau, ex-joueur du PSG, ait renoncé et ait baissé les bras, soit…, passe encore ! Mais un prof de philo vis-à-vis de ses élèves ! Il ne me semble pas que Socrate se disait vis-à-vis de ses interlocuteurs que ça ne servait rien, qu’ils étaient déjà condamnés, et qu’ils étaient stupides ? J’ai retenu ça de mes cours, mais si elle est prof de philo, je suppose qu’elle doit le savoir aussi… Et pourtant…
C’est triste de voir que des gens perdent toutes leurs illusions, si tant est qu’ils en aient eu un jour…

Donc elle préparait son concours de l’ENA mais sans objectif, sans autre but que celui d’avoir un bon classement du concours qui déterminera ses possibilités de choix pour son futur poste. Donc en gros, ce qu’elle veut, c’est faire l’ENA et c’est un objectif en soi apparemment. Derrière ça, il n’y a même pas d’idéal, se dire, je vais mettre mes capacités intellectuelles au service mon pays. Non, plus tard, son objectif sera derrière elle : avoir eu comme objectif de faire l’ENA, ce qu’elle aura peut-être réussi… Ses proches ou personnes du même acabit diront « C’est bien, elle a de l’ambition, c’est quelqu’un de bien » Car oui, pour certains, l’ambition n’est que professionnelle ! Mais l’ambition, ça ne peut pas être une ambition intellectuelle, relationnelle ou encore altruiste ? Ca ne compte pas ça ?

On appelle ça l’élitisme. Mais on n’y donne pas tous la même connotation.

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Commentaires
C
juste un passage comme ça, en tant que "collègue" de PS :)
B
Prof, c'est pas un job, c'est un engagement. Enfin, ça devrait l'être. Elle n'a peut-être pas la flamme que cela demande. Il vaut donc mieux qu'elle change d'objectif. <br /> Enseigner la philo n'implique pas forcément d'être philosophe. Il est certain que pour "vendre" la chose, il vaut mieux avoir un échantillon sur soi.<br /> Quant au fait de séparer l'intelligence de la connaissance, je suis entièrement d'accord. A mon avis, c'est déjà être intelligent que de savoir qu'on ne sait rien.
J
Je m'aperçois quand même avec les années qu'il y a des jours avec et des jours sans. Si ça se trouve cette fille était dans un jour sans. Sans la motivation, sans la détermination, sans le recul nécessaires pour affronter des élèves à cent mille lieues de ce que l'on s'évertue (vainement ?) à leur apprendre. Ca m'arrive aussi, et je ne me considère pas un mauvais prof pour autant: je fais de mon mieux, sincèrement, pour leur apprendre autant de choses que possible.<br /> J'imagine que la femme que tu as croisé voulait préparer l'ENA parce qu'elle avait besoin d'objectifs nouveaux, de défis personnels, besoin de se dire que sa vie ne se limitait pas à ce lycée, à cette existence répétitive qu'elle considère peut-être comme médiocre, besoin d'objectifs pour se sentir exister, pour se sentir importante. <br /> <br /> Je l'espère du moins. Car si réellement elle regarde ses élèves de haut, j'ignore qui, dans l'histoire, est le plus à plaindre: les adolescents qui subissent, ou la prof ratée avec son aigreur.
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